5 décembre 2019
Retrouver un sens à sa vie par le bénévolat
Ex-militaire vivant avec un trouble de stress post-traumatique, Jean-François Paré ne le cache pas, le bénévolat lui a carrément sauvé la vie. Depuis deux ans, il est bénévole pour la Fondation des sports adaptés et de voir le bien qu’il est capable de faire lui a redonné une raison de vivre.
La vie après l’armée
M. Paré s’était enrôlé dans l’armée à 20 ans et y a passé 15 ans. Sa première mission, il l’a vécue six ans après son entrée où il a été déployé en Bosnie. Ensuite, il a été envoyé à Kaboul pour finalement faire une troisième et dernière mission à Kandahar en Afghanistan où rien n’aurait pu le préparer à ce qu’il a vécu. « En Bosnie, c’était plus humanitaire. À Kaboul, c’était la guerre, on avait le stress de marcher sur une mine, mais il n’y avait pas vraiment de conflit armé. Je pensais que ce serait semblable à Kandahar, mais c’était la guerre, ça brassait. On ne peut pas être préparé à ça. On était une quarantaine de Canadiens qui sont partis avec les Américains. Les règles d’engagements ne sont pas les mêmes. On était sous leur commandement. Aux deux jours, il y avait un soldat qui repartait dans un cercueil. Peu importe la nationalité, chaque fois il y a une cérémonie. Tout le monde pleure, même si on est des soldats et qu’on est fait fort », raconte Jean-François Paré.
Cette image d’homme fort est lourde à porter lorsque vient le temps de se faire soigner et de consulter des psychologues et psychiatres. Après une tentative de suicide, M. Paré n’a pas eu d’autre choix que de monter « l’escalier de la honte » à Valcartier, comme on la surnomme, pour demander de l’aide. « Je l’ai montée en 2008. J’étais un des premiers après l’Afghanistan. En plus, j’avais toujours eu cette image d’homme fort avec mes 6 pieds et 4 et 300 livres. S’en ait suivi ma libération des forces armées. Je ne pouvais plus être militaire. » Il a ensuite fait un DEP en réfrigération et travaillé un an dans le domaine. « Mais j’ai pété les plombs avec un client. J’ai fait une deuxième tentative de suicide et je me suis retrouvé cette fois à l’Hôtel Dieu de Sherbrooke. Ensuite, les anciens combattants m’ont pris en charge et m’ont fait passé plusieurs tests psychologiques et ont déclaré que j’étais invalide. Donc, je ne peux pas non plus travailler au civil. Si je n’avais pas la Fondation, je me tournerais les pouces chez nous. »
Le bénévolat à la rescousse
Père de deux jeunes garçons, ces derniers sont une des raisons de vivre de M. Paré, l’autre c’est, comme mentionné, la Fondation des sports adaptés. Le directeur général de la Fondation, Steve Charbonneau (ex-joueur des Alouettes de Montréal), est devenu son ami et c’est grâce à lui que M. Paré a choisi de s’impliquer. Les deux hommes s’étaient d’abord brièvement rencontrés lors d’un tournoi de golf pour la Fondation, alors que l’ex-militaire y était avec Sans limites, une fondation pour vétérans. Puis, ils se sont liés d’amitié lors d’un voyage de ski en Suisse où M. Paré y était avec une autre fondation. « Il m’a invité à devenir bénévole et participer aux activités. À ce moment, je ne voyais pas encore grand monde. J’y suis allé et de fil en aiguille, il m’invitait souvent et c’est rendu que j’y vais 2-3 fois par semaine. Steve est devenu un ami, c’est mon mentor. Il me connaît maintenant, il sait quand j’ai besoin de me changer les idées, il me donne plein de projets. » La Fondation permet à des gens vivants avec un handicap physique de participer à différentes activités. « De voir ces jeunes sourire, de les voir participer à ce qui peut être leur seule activité, je me dis que je fais une différence, c’est ma paie. Ça vaut n’importe quel montant d’argent. C’est valorisant. Je m’identifie à cette fondation. Quand j’étais soldat, je m’identifiais à l’armée, mais là sans mon bénévolat, je ne m’identifie à rien. Ça m’a sauvé la vie », confie Jean-François Paré.
Redécouvrir qui on est
Le bénévolat lui est très familier, car même avant de s’engager dans l’armée, il était toujours prêt à donner de son temps et aider son prochain. « Je viens d’un village, je suis un petit gars d’église. J’allais à la messe, c’était important d’aider. J’ai toujours eu le cœur gros. Je suis comme mon père, il aime aussi donner de son temps. Si je le pouvais, je ferais plus de bénévolat. J’ai mes gars une fin de semaine sur deux, ils sont encore trop jeunes pour me suivre, mais c’est certain que c’est une valeur que je veux leur transmettre.»
Avec la Fondation, Jean-François Paré redécouvre l’homme qu’il était avant de s’enrôler. Cela l’a même rapproché de ses parents, il se dit plus ouvert maintenant. « Quand on entre dans l’armée, ils nous façonnent, c’est difficile de se déprogrammer. Foncièrement, j’étais un garçon gentil, je redécouvre la personne que j’étais et je constate que je suis encore bon à quelque chose. »
Vous hésitez à faire du bénévolat, cet homme courageux vous dit d’essayer au moins une fois, vous en sortirez grandi et vous aurez envie d’y retourner. « On a tous quelque chose à donner, malgré que la vie est chargée, on a toujours du temps pour faire du bien, que ce soit deux heures par semaine ou par mois, ces deux heures tu le donnes à des gens qui en ont besoin, tu peux leur en faire profiter », conclu-t-il.